[LIVRE IMPRIMÉ SUR SOIE]. HUGO (Victor). GAUTIER (Théophile). HÉRÉDIA (José-Maria de). BANVILLE (Jacques). COPPÉE (François). SILVESTRE (Armand).

CHARITÉ MONDAINE À PARIS EN 1879
SARAH BERNHARDT COMMISSSAIRE-PRISEUR
AU BÉNÉFICE DES INONDÉS DE MURCIE
UN DES RARISIMES TROIS EXEMPLAIRES SUR SOIE

[LIVRE IMPRIMÉ SUR SOIE]. HUGO (Victor). GAUTIER (Théophile). HÉRÉDIA (José-Maria de). BANVILLE (Jacques). COPPÉE (François). SILVESTRE (Armand).

L’Obole de la vie moderne aux inondés de Murcie.

[Paris], Gillot, [1879].
Petit in-folio de (9) ff. interfoliés tirés sur soie – Demi-chagrin vert, dos lisse titré en long (reliure de l’époque).
Provenance : Georges Charpentier ou Émile Bergerat (?) – Collection privée.

3 500 €

UNIQUE ÉDITION DE CE TIRAGE SPÉCIALEMENT IMPRIMÉ À L’OCCASION DE LA FÊTE MONDAINE ORGANISÉE À PARIS EN 1879 POUR VENIR EN AIDE AUX VICTIMES DES INONDATIONS DE LA VILLE ESPAGNOLE DE MURCIE.

L’édition comprend six poèmes des meilleurs poètes du temps derrière la bannière de Victor Hugo. Ceux de José-Maria de Hérédia, François Copée et Armand Silvestre sont en éditions originales.

Le 15 octobre 1879 la montée des eaux du fleuve Segura, restée sous le nom de « Déluge de Santa Teresa » provoqua la mort de huit cents personnes dans la ville espagnole de Murcie. L’émotion franchit les Pyrénées. Les médias français s’unirent pour organiser à Paris la solidarité. Édouard Lebey, directeur de l’agence Havas, lance un appel pour collecter des fonds. Le 14 décembre, le Comité de la presse française (Havas, L’Illustration, Le Figaro, Le Gaulois) imprime à 300 000 exemplaires un numéro unique de Paris-Murcie, Journal publié au profit des victimes des inondations d’Espagne avec à la une, une gravure de Gustave Doré.

De son coté, La Vie Moderne que venait de créer Émile Bergerat et Georges Charpentier, l’éditeur de Zola et ami des impressionnistes, fit composer spécialement cet album par ses poètes et artistes amis : Hugo, Gautier, Banville, Copée, Sylvestre et Hérédia chacun offrant un poème. Chaque poème est autographié et illustré d’une composition par Clairin, Giacomelli, Courboin et Adrien-Marie, gravée par Charles Gillot.

Le 18 décembre une fête de charité fut programmée à l’Hippodrome, dans le quartier de l’Alma. Près de dix mille spectateurs se rendirent dans cet événement mondain présidé par la souveraine espagnole elle-même : deux cents musiciens, seize pianos, le corps de ballet de l’Opéra, un défilé espagnol avec toréros, une farandole costumée et des élégantes qui portaient la mantille par solidarité !!! On vendit de tout aux enchères, y compris les 100 exemplaires de l’album et le coup de maître fut d’enrôler Sarah Bernhardt comme commissaire-priseur. L’événement rapporta six cent mille francs. « Au bout d’une demi-heure, Sarah ne pouvait plus en fournir à aucun prix, à personne, l’édition était épuisée… » (Bergerat, Souvenir).

Des voix s’élevèrent par la suite pour fustiger ces fastes mondains et bonnes consciences qui cachaient la misère des classes populaires des campagnes et des faubourgs murciens. Furent dénoncés dans la presse « le snobisme éhonté des parasites » et « les saltimbanques qui battent la grosse caisse sur la peau des victimes ». Guy de Maupassant ne fut pas moins sévère dans le Gaulois du 8 février 1882 : « Des scies ? Mais il en pleut toute l’année. Tenez : les œuvres de bienfaisance envers l’étranger, la charité par l’exportation, l’aumône réclame, la pitié dansante, l’apitoiement sur des infortunes lointaines ; au plus grand avantage des imprésarios de la fête, et au réel détriment de notre pays. Inondés de Hongrie, inondés d’Espagne, incendiés de Vienne et autres. Tout l’argent ramassé passe invariablement aux frais d’organisation ». Savoureux et toujours d’actualité…

À noter également que cette fête de charité fut l’un des très rares événements d’actualité que Marcel Proust cite dans À la recherche du temps perdu. « C’était le jour de la fête de Paris-Murcie donnée pour les inondés de Murcie » — jour où Odette, à la « Maison Dorée » et à midi, fait porter une lettre à Swann qui commence par « Mon ami, ma main tremble si fort que je peux à peine écrire » (Proust, Du côté de chez Swann).

UN DES RARISSIMES TROIS EXEMPLAIRES DE LUXE SPÉCIALEMENT IMPRIMÉS SUR SOIE POUR SARAH BERNHARDT, GEORGES CHARPENTIER ET ÉMILE BERGERAT.

Le tirage courant sur papier fut de 100 exemplaires, mais Émile Bergerat fit imprimé trois exemplaires de luxe pour Sarah Bernhardt, Georges Charpentier et lui-même. L’exemplaire de Sarah Bernhardt est indiqué dans le catalogue de sa vente de 1923 comme étant broché. Notre exemplaire, relié lui à l’époque, est donc soit celui de Georges Charpentier, soit celui d’Émile Bergerat.

Bel exemplaire de cette rareté mondaine et parisienne.

3 500 

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